Publico
aqui a terceira parte da comunicação de um professor francês sobre a obra de Ribeiro
Sanches na Rússia, apresentada na Escola de Estudos Eslavos e da
Europa Oriental da Rússia:
Continuação
"Georges
Dulac
Université
Paul-Valéry Montpellier
POLITIQUE
DE CIVILISATION ET COLONIES EN RUSSIE
D’APRES
LE DR RIBEIRO SANCHES (1765-1766)
2. Les
colonies, des Romains à Pierre le Grand. Le mémoire XII présente, de façon fragmentaire,
comme une théorie générale de l’implantation des colonies en Russie: ce moyen
de «civiliser» y est présenté parmi d’autres qui doivent généralement
l’accompagner (borner les terres afin de consolider la propriété, tracer des
routes, renforcer l’encadrement administratif, souvent fort réduit, favoriser
l’assimilation des élites locales, en assurant la formation des jeunes dans dês
établissements russes, notamment au Corps de cadets, et en confiant à leurs
représentants les plus qualifiés de hautes fonctions dans l’empire, etc.).
Après un rappel des différentes fonctions, militaires, sociales ou économiques,
des colonies romaines, Sanches esquisse une typologie dês colonies à créer dans
l’empire, en opposant par exemple celles qui, à sa périphérie, ne devraient être
composées que de Russes, et celles qui, dans les régions intérieures,
pourraient être formées d’étrangers — ce qui constitue implicitement une
critique des colonies comme celles de Saratov, situées dans une zone alors
frontalière: dès l’année précédente, dans son mémoire Sur les beauxarts,
il montrait peu de confiance dans leur succès comme dans leur utilité.
Ces
éléments théoriques s’accompagnent de remarques précises, dont certaines sont visiblement
le fruit d’observations personnelles, sur les différentes provinces, leurs
ressources actuelles ou potentielles, et surtout les particularités de leur vie
sociale et économique dont doit tenir compte toute entreprise associant projet
de développement et effort d’appropriation pacifique.
Ainsi
pour ce qui concerne la Livonie
et l’Estonie, qui restent étonnamment peu peuplées et dont les «paysans
esclaves» sont particulièrement opprimés: Sanches, tout en soulignant les possibilités
qu’offrent les régions les plus fertiles, les ports et certaines zones
cotières, insiste sur l’accaparement de toutes les sources de richesses par la
noblesse balte. Non contente d’exploiter presque toutes les terres (car elle
s’empresse de louer ou d’acheter celles que la Couronne a dévolu à des
Russes), elle détient le monopole du commerce des marchandises les plus courantes,
ce qui lui permet d’exercer une «tyrannie» supplémentaire à l’encontre des
paysans.
Cet état
de choses contribue d’autant plus à scléroser l’économie, que les seigneurs
n’usent guère de leur opulence qu’au profit des pays de l’Europe occidentale,
et non de la Russie,
avec laquelle ils ont peu de relations. Il est probable que notre réformateur,
très lié avec de hauts personnages de la cour de Pétersbourg, n’ignorait pas
qu’en raisonnant ainsi il allait au devant de certaines préoccupations de
l’impératrice. Il en était de même à propos de l’Ukraine. Remarquant qu’»on ne trouve
pas parmi ses habitants et ceux de l’empire cette communication[,] liaison et
intérêt si nécessaire pour lui être attachée», il en discerne plusieurs causes
qui lui sont propres: une certaine indolence qu’encouragent la fertilité du sol
et la douceur du climat, le poids excessif de l’Eglise et les abus qu’il
entraîne dans l’éducation de la jeunesse, ou encore les immenses possessions dês
plus hauts dignitaires.
Parmi
les considérations qui préparent les propositions avancées en matière de
colonies, il faut enfin compter une critique souvent sévère de la politique de
Pierre le Grand. Certes, comme on l’a vu, il approuve le Réformateur d’avoir
usé de mansuétude à l’égard des pays baltes: aux Livoniens il «accorda de vivre
selon leurs lois et d’être gouvernés par leurs magistrats dans le civil et le criminel,
[il leur laissa] leur religion et leurs écoles. C’est le premier monarque russe
qui ait accordé à ses sujets la propriété des biens et la liberté» (Moyens, p.
12). Mais il n’a pas songé aux moyens d’intégrer ces provinces dans l’empire,
et notamment à la nécessité d’implanter des colonies, sur la côte et dans les
domaines de la Couronne,
qu’il aurait dû étendre par des acquisitions systématiques. Sanches approuve
d’autre part Pierre le Grand d’avoir établi en Ukraine les colonies qui forment
les «lignes» opposées à la menace venue de Crimée. Mais généralement il a fondé
peu de colonies et a méconnu les avantages multiples qu’elles auraient pu
procurer. Et quand il en a créé, il a souvent usé de méthodes brutales qui
allaient à l’encontre des objectifs qu’il aurait dû avoir en vue:
Je ne
voudrais jamais, écrit Sanches, arracher des villages et des campagnes les
laboureurs pour en former des colonies, méthode pratiquée par le czar Alexeï
Michailowitz et par Pierre le Grand; mais il est certain qu’ils n’en prévirent
pas les conséquences. (Moyens, p. 24).
L’inspiration
libérale qui conduit la réflexion de notre médecin lui fait proscrire toute
mesure de contrainte à l’égard des populations, et il semble compter, pour
atteindre bien des objectifs, sur la mise en mouvement de l’ensemble de la
société, à partir de l’affranchissement progressif de la condition paysanne:
dans cette perspective, si le rôle du souverain demeure essentiel, comme nous
allons le voir plus précisément, il consistera moins à imposer qu’à protéger,
et surtout à faire les «avances» financières nécessaires pour que démarre la
dynamique du développement." (continua)
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