segunda-feira, junho 18, 2012

Contributo para a História das relações russo-portuguesas: Ribeiro Sanches


Publico aqui uma comunicação de um professor francês sobre a obra de Ribeiro Sanches na Rússia, apresentada na Escola de Estudos Eslavos e da Europa Oriental da Rússia: 

"Georges Dulac
Université Paul-Valéry Montpellier
POLITIQUE DE CIVILISATION ET COLONIES EN RUSSIE
D’APRES LE DR RIBEIRO SANCHES (1765-1766)
0. Présentation. La création de colonies — au sens d’établissements territoriaux créés par dês groupes d’hommes venus d’autres pays ou d’autres régions, à la façon des colonies fondées par les Romains dans les provinces conquises — est un des éléments du programme de développement de la Russie proposé par Ribeiro Sanches: il figure dans un des nombreux mémoires manuscrits qu’il envoie à Ivan Betskoï à partir de 1765, certainement avec l’espoir qu’ils seront lus par l’impératrice. Cependant il s’agit d’une partie assez peu développée de ce programme très étendu et complexe qu’il va exposer et étayer de nouveaux arguments jusqu’en 1771, si l’on en juge par l’ensemble très lacunaire des textes qui nous sont parvenus: à ses yeux, les colonies constituent dans certains cas, et notamment dans les régions périphériques de l’empire, un moyen d’accroître l’effet des mesures fondamentales qu’il préconise pour «civiliser» la Russie, c’est-à-dire pour l’amener à l’ «état civil» qui a permis aux nations d’Europe occidentales de prospérer depuis le Moyen Âge. Caractérisé par la liberté personnelle et le droit de propriété assurés à l’ensemble de la population, cet «état civil», dont la Russie est encore fort éloignée, suppose un système judiciaire et administratif qui protège l’activité des classes productives —paysans et artisans — et permet leur enrichissement, et à partir de là une diversification naturelle des besoins et du travail dans l’ensemble de la société, jusqu’aux formes les plus évoluées dês activités artistiques et scientifiques. Ce bref résumé des idées fondamentales de Sanches, qui sont largement inspirées de Hume et de l’école historique écossaise, permet d’entrevoir pourquoi la création de colonies ne constitue qu’un aspect relativement secondaire de ses propositions: je me propose cependant de montrer qu’il s’agit d’un élément particulièrement significatif, et d’autant plus peut-être qu’aussi bien Catherine II que certains philosophes comme Diderot mettent l’accent, à peu près à la même époque, sur le rôle que peuvent jouer les colonies dans ce qu’on va bientôt appeler la «civilisation de la Russie»[1].
Avant de poursuivre, il me paraît utile de rappeler brièvement quelques traits de la personnalité et de la carrière du Dr Ribeiro Sanches (1699-1783) qui ne sont pas sans importance pour mon sujet, d’autant plus que le personnage reste peu connu, surtout en France. Ce marrane portugais, qui a quitté définitivement son pays en 1726 mais a gardé avec lui des relations intellectuelles, et plus tard politiques, au temps de Pombal, a séjourné dans plusieurs centre intellectuels européens, notamment Londres, Montpellier, Pise et Leyde, avant d’effectuer une carrière médicale remarquable en Russie, entre 1731 et 1747: il l’achèvera à la cour comme médecin de l’impératrice Elisabeth, après avoir exercé plusieurs hautes fonctions. Dans les années 1730, il a accompagné les armées du maréchal Münnich comme principal médecin au cours de plusieurs campagnes contre les Turcs: à ce titre, il a participé à l’incorporation des recrues — trente ans plus tard, il évoquera encore avec émotion l’atrocité et l’absurdité du système militaire russe — et a pu d’autre part acquérir une connaissance directe de plusieurs régions de l’empire. Après avoir quitté la Russie en 1747, il s’installe à Paris et entretient des relations très actives tant avec dês personnages de l’aristocratie russe, qu’avec des académiciens de Pétersbourg. En 1762, peu après son avènement, Catherine II le rétablit dans son titre de membre étranger et correspondant de l’Académie impériale des sciences, dont il avait été exclu comme juif, et elle lui accorde une
pension importante. A partir de 1764, Ivan Betskoï le consulte à propos de la création dês nouveaux établissements d’éducation et de la réforme du Corps des cadets: ce sera pour Sanches l’occasion de développer les idées que j’ai évoquées, et de démontrer l’inutilité pour la Russie de se doter d’établissements culturels prestigieux et d’espérer de grand progrès dans les sciences et les beaux arts, en l’absence d’une «base» sociale et économique. Celle-ci ne pourra selon lui se constituer qu’à partir du moment où l’on accordera aux paysans le droit de propriété et la possibilite de s’enrichir, permettant ainsi l’essor du commerce et celui de la population. A cette époque, et depuis 1760 au moins, Sanches est en relations assez suivies, semble-t-il, avec le baron d’Holbach et surtout avec Diderot, qui l’engage à écrire pour l’Encyclopédie et lui communique certains de ses écrits, comme le montrent les archives personnelles du médecin portugais.
Je me fonderai principalement sur deux écrits inédits de Sanches, d’importance d’ailleurs inégale pour mon propos. Le premier est la minute autographe, conservée à Moscou, d’un mémoire «Sur les beaux-arts»[2] qui traite en réalité, à propos des conditions nécessaires au développement culturel, de multiples aspects de la société et de l’économie russes: daté de février 1765, ce texte très riche n’a jamais été envoyé à Pétersbourg, d’après une apostille de son auteur, mais il a servi de matrice à d’autres mémoires adressés à Betskoï. Il a d’autre part été exploité par le prince Dmitri Alexeevitch Golitsyn dans ses lettres sur le servage[3], dont la série commence quelques mois plus tard. Dans ce mémoire, Sanches ne parle pas explicitement de colonies à fonder, mais seulement du rôle que pourraient jouer dans les campagnes, après une réforme du service militaire, des soldats vétérans qu’on aiderait à s’installer comme colons dans les campagnes. Le second écrit se présente sous la forme d’une copie d’un «mémoire XII», daté de juillet 1766, qui a certainement eu le même destinataire que les autres, auxquels il fait d’ailleurs référence. Intitule «Quelques moyens pour lier et attacher de plus en plus les provinces conquises à l’Empire de Russie»... dans les Archives du Ministère des Affaires étrangères[4]: ce qui s’explique aisément puisque Sanches, en relation avec plusieurs diplomates portugais à l’époque où il travaillait pour Pombal, leur communiquait certains de ses écrits sur la Russie qui pouvaient des enseignements utiles concernant les réformes à mener dans cette monarchie qu’il qualifiait de «gothique». Dans ce mémoire de 79 pages manuscrites, Sanches part du constat que «les provinces conquises et protégées par l’Empire de Russie» vivent dans un état de quasi-séparation et sont donc loin de former avec lui «un seul corps civil et politique», parce qu’à l’exception de Pierre le Grand, les souverains russes ont négligé de lier les différentes parties de leur État «par des intérêts aussi avantageux aux vaincus qu’aux conquérants», comme le faisaient les Romains (Moyens, p. 2). Après avoir analysé les aspects les plus généraux de cette politique erronée, qui renvoient d’ailleurs aux faiblesses traditionnelles de l’État et de la société russes, Sanches examine successivement la situation des provinces baltes, puis de l’Ukraine, enfin des royaumes de Casan et d’Astrakhan, tout en formulant dans chaque cas les propositions qui lui paraissent appropriées, parmi lesquelles figurent plusieurs types de colonies.
Il ne saurait être question d’analyser ici en détail les vues de Sanches sur les colonies existantes ou à créer: je voudrais seulement tenter de rendre compte des rapports dynamiques qui lient les observations sur ce sujet à l’ensemble de la politique préconisée pour faire progresser la Russie vers «l’état civil», autrement dit pour la «civiliser». De ce point de vue, j’avais envisagé primitivement de comparer les vues de Sanches avec celles de Diderot: sur ce sujet en effet, le philosophe se fonde sur des principes identiques, et utilise même des arguments précis tirés de l’état de la société russe qu’il doit probablement au médecin portugais; mais ce qu’il propose en matière de colonies est apparemment très différent, ce qui me semble poser un problème intéressant. Cependant je dispose de trop peu de temps pour tenter cette comparaison, et je me contenterai de quelques allusions. Je laisserai également de côté un autre rapprochement qui pourrait s’avérer très significatif avec les écrits de Sanches concernant les colonies portugaises. À ce propos, je ferai encore une dernière observation préliminaire, précisément à propos de ce mot colonie: dans le mémoire que j’ai cité, il est employé au sens que j’ai rappelé, pour désigner un groupe de colons venus d’ailleurs et l’établissement qu’ils constituent, à la façon des colonies romaines qui sont la référence constante de notre auteur; c’est seulement dans ses écrits portugais, que pour parler des territoires conquis, dominés et exploités outre-mer, et notamment du Brésil, Sanches utilise l’équivalent du mot colonie, dans ce sens qui est aujourd’hui le plus courant.
Cependant il arrive que ce dernier sens affleure sous le mot «colon» (désignant un propriétaire d’esclaves) quand il traite des pays conquis par la Russie depuis Ivan le Terrible; et c’est même de là qu’il faut partir pour comprendre sa critique radicale de la politique menée par les souverains russes dans ce domaine..." (continua)

7 comentários:

Jest nas Wielu disse...

Interessante, os Países Bálticos e a Ucrânia já naquela época chamavam a atenção dos investigadores europeus.

Pippo disse...

Gostaria de ler o que o Ribeiro Sanches propunha concretamente para civilizar os territórios recém adquiridos do Báltico, Ucrânia, Kazan, etc.

Também seria interessante ler o que ele dizia acerca do recrutamento militar na Rússia.

Jest nas Wielu disse...

Grande piada, os russos a civilizarem o Báltico!!! Ou Ucrânia, tendo em conta que os moscovitas levavam os monges de Kyiv para aprenderem alguma coisa...

Pippo disse...

Não me parece que os nobres ou camponeses letões fossem propriamente civilizados. Quanto muito, sê-lo-iam os senhores feudais germânicos que dominavam o Báltico mas, claro, todos sabemos em que moldes foram realizadas as suas conquistas e como eles submeteram os povos autóctones...

Quanto aos monges de Kiev, digamos que os seus pupilos ultrapassaram os mestres, eheheh!

Jest nas Wielu disse...

Os nobres ou camponeses do Báltico estavam ao nível europeu da época, os nobres ou camponeses russos estavam dois ou três séculos atrás...

Ultrapassaram em que exatamente?... lol lol

Ainda em 1839 o aristocrata francês Astolphe-Louis-Léonor Marquis de Custine, no seu livro “La Russie en 1839”, descreve a Rússia como a antítese histórica e geográfica da Europa, como anti-Europa, onde a vida e o destino dos leigos e do clero, dos senhores e dos cidadãos, depende única e exclusivamente da vontade despótica do seu soberano.

http://www.amazon.com/Russie-en-1839-Astolphe-Custine/dp/0559806639

Jest nas Wielu disse...

p.s.
La Russie en 1839, Volume I by marquis de Astolphe Custine
http://www.gutenberg.org/ebooks/25755.bibrec.html

Pippo disse...

"Ainsi pour ce qui concerne la Livonie et l’Estonie, qui restent étonnamment peu peuplées et dont les «paysans esclaves» sont particulièrement opprimés: Sanches, tout en soulignant les possibilités qu’offrent les régions les plus fertiles, les ports et certaines zones cotières, insiste sur l’accaparement de toutes les sources de richesses par la noblesse balte. Non contente d’exploiter presque toutes les terres (car elle s’empresse de louer ou d’acheter celles que la Couronne a dévolu à des Russes), elle détient le monopole du commerce des marchandises les plus courantes, ce qui lui permet d’exercer une «tyrannie» supplémentaire à l’encontre des paysans."
Ribeiro Sanches

Portanto, como se vê, os camponeses do Báltico estavam ao nível, não dos europeus da época, mas de escravos, a quem a nobreza local "sacava" todas as riquezas.


"La Russie est à peine aujourd'hui à quatre cents ans de l'invasion des barbares; tandis que l'Occident a subi la même crise depuis quatorze siècles: une civilisation de mille ans plus ancienne met une distance incommensurable entre les mœurs des nations."
in Marquês de Custine “La Russie en 1839”

Todos os países têm motivos para serem como são :0)